Biographie
Faut-il réinventer la musique folklorique ?
Non, ce n’est pas nécessaire. Mais on peut le faire. Si on le fait avec autant de plaisir et de respect que le fait Miss Helvetia, cela mérite le plus grand respect. Et le résultat sonne vraiment bien…
Il existe deux types de fans de musique folklorique : les puristes, qui ont figé le répertoire suisse quelque part au milieu du siècle dernier et qui refusent de dévier de la tradition d’un iota. Et ceux qui pensent que moderniser la musique folklorique n’est possible qu’avec des rythmes percutants, principalement populaires dans les stations de ski autrichiennes, ou avec des fanfares à la manière bavaroise.
MISS HELVETIA
La bonne nouvelle pour tous ceux qui ne se sentent pas à l’aise avec l’un ou l’autre de ces deux pôles : Barbara Klossner, alias Miss Helvetia, originaire de l’Oberland bernois, s’emploie à bâtir un pont entre les deux camps. Ou mieux encore : elle comble l’écart entre les extrêmes avec beaucoup de plaisir, de bonne humeur, et autant d’amour et de respect pour la tradition.
Avec son nouvel album « Volksmusig on the Rocks », Miss Helvetia poursuit le chemin qu’elle a entamé en 2018 avec « E Guete – Bon appétit ». Pourtant, ce nouvel album marque un tournant définitif loin des territoires du schlager ou des fêtes de montagne. Plus de beats artificiels, mais de vrais instruments comme la batterie, la contrebasse, l’accordéon, la guitare, la trompette/saxophone et le chant. Oui : ici, c’est la musique folklorique authentique qui domine.
Ainsi, sur « Volksmusig on the Rocks », on trouve cinq titres – « Ängeli im Schnee », « Heb dr Sorg », « E Guete », « Locker Locker » et « Schnuderwiibli » – qui figuraient déjà sur le premier album. Mais, les nouvelles versions sont telles que ces morceaux n’ont encore jamais été entendus ainsi : frais, audacieux, faits à la main, et réarrangés avec beaucoup de joie de jouer. Ces cinq pièces s’intègrent parfaitement à l’ensemble du nouvel album, où la chanson titre « Volksmusig on the Rocks » donne évidemment le ton et la direction : toujours avec entrain, marqué par le yodel unique de Barbara Klossner, issu de sa gorge primée, avec une énergie débordante et encore plus d’émotions.
Et puisqu’on parle d’émotions : avec « Wenn die wilde Chirschböim blüeje », ce magnifique chant de yodel de Jakob Ummel, Miss Helvetia ouvre grand son cœur sur son nouvel album. Barbara Klossner chantait déjà cette chanson avec sa mère lorsqu’elle était adolescente, accompagnée par Ernst Dubi ; le duo a obtenu la note « Très bien » au festival de yodel – c’est une chanson qui lie mère et fille pour l’éternité.
Avec « Dubach Güschtu », Miss Helvetia dédie une autre chanson à un membre de sa famille : Güschtu était son grand-père, qui tenait le « Bahnhöfli » à Oey dans le Diemtigtal. C’était un personnage authentique, comme on n’en trouve que dans l’Oberland bernois, tutoyant tout le monde – et faisant les meilleures croûtes au fromage de la région. Le « GrimmiJutz » est également un hommage à sa patrie, la vallée où Miss Helvetia vit et qu’elle aime. Elle a composé et interprété ce morceau plein de gaieté pour le chemin de randonnée de cette région.
Et pourtant : pour Miss Helvetia, la patrie n’est pas un lieu géographique fixe. Dans « I läbe i mir », elle chante qu’elle porte cette patrie en elle, peu importe où elle se trouve sur le globe. En parlant de voyages : « Volksmusig on the Rocks » se termine par une chanson dédiée à la légendaire « Gilberte de Courgenay » – une chanson qui a profondément ancré le Jura dans le cœur des Suisses. C’est aussi une chanson qui montre ce qui serait possible si les soldats chantaient plus et tiraient moins. Et c’est une chanson typique de Miss Helvetia, qui avec sa musique merveilleuse, semble surmonter facilement les frontières linguistiques et autres. Ce n’est pas pour rien que l’artiste du Diemtigtal est également une actrice très appréciée de l’autre côté du Röstigraben.